Le premier chef-d'oeuvre d'Agnès Varda. De 5 à 7, de la Rue de Rivoli au XIVè arrondissement, une femme parcourt la ville en redécouvrant le goût de vivre.
Cléo, belle et chanteuse, attend les résultats d’une analyse médicale. De la superstition à la peur, de la rue de Rivoli au Café de Dôme, de la coquetterie à l’angoisse, de chez elle au Parc Montsouris, Cléo fait des rencontres qui lui ouvrent les yeux sur le monde.
" Agnès Varda a tout de suite compris qu'il fallait meubler les deux heures de l’emploi du temps de Cléo. En commençant par tricher, puisque le film ne dure qu’une heure de demie. Les meubles qui viennent occuperl'espace mental dangereusement vide de cette jeune femme (elle est assez gourde et la mort menace d'investir la place que sa nonchalance lui laisse si généreusement) font surtout partiepour notre bonheur de spectazteurs de 1986 de ce qu’on appelle désormais le « mobilier urbain ». De la rue de Rivoli à la rue Huyghens, du parc Montsouris à la Salpêtrière, à pied, en taxi ou en autobus, on n’en revient pas de constater à quel point Paris a pu se déguiser en vingt-quatre ans, comme un simple invité des Guermantes au moment oû le cher Marcel retrouve son temps perdu. Ce n'est pas tant qu'il se soit privé de sa gare du Maine (avec « Océan » écrit en grosses lettres sur ses murs) pour s’offrir un gratte-ciel, c'est qu'il a laissé maquiller ses façades, truquer ses vitrines au point que le film d’Agnès Varda nous donne une impression de nettoyage, de lavage à grande eau qui nous permet de retrouver le vrai sous le toc, le chef-d’œuvre ancien sous le barbouillage idiot d’on ne sait quel tâcheron moderne.
Curieux, tout de même, qu'on n'éprouve rien de tel en revoyant les films, disons de Godard, de la même époque (dans A bout de souffle, Paris est à peu de choses près le même qu’aujourd’hui). C’est qu’Agnès Varda, sans doute, sait regarder mieux que personne et qu'elle s'intéresse à des tas de détails qui ont laissé les autres indifférents (Godard, d’ailleurs, n'a jamais été aussi inspiré, toujours à cette époque, qu'en faisant de Paris Alphaviîle, c’est-à-dire une ville méconaissable}. C’est aussi qu'elle s'est attachée à rendre son après-midi unique et irremplaçable, c’est le premier jour de l’été et probablement le commencement de la fin pour Cléo. A force de scruter l’été sur les visages, de le suivre dans le sillage des robes des passantes, de se tremper sans mollesse mais avec volupté dans le grand bain de l'activité urbaine, elle en vient à rendre insupportable l'idée de la mort de cette Cléo bien en chair qui n'est pourtant pas passionnante et dont la vacuité sentimentale nous laisse froids. Pas au point, cependant, de ne pas partager le frisson qui la saisit lorsqu'elle se laisse piéger par la belle chanson de Michel Legrand qui fait soudain l’effet d'un courant d'air glacé en pleine canicule : « Toutes portes ouvertes... Je suis une maison vide... »
Michel Pérez, 30/01/1986
Libération
" Cléo de 5 à 7, sur une trame connue ("Corinne Marchand prête son minois à un charmant cancer", écrit joliment Yves Martin), raconte la fui...
" Cléo de 5 à 7, sur une trame connue ("Corinne Marchand prête son minois à un charmant cancer", écrit joliment Yves Martin), raconte la fuite du temps et des jours heureux, au rythme d'un refrain têtu chantonné par l'interprète principale. Gentillesse, élégance, préciosité: comme si Antonioni, sous pseudo féminin, était miraculeusement devenu modeste."
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Très moderne. Superbe.