La Troisième vie d'Agnès Varda
VIDEO | 2015, 15' | Agnès Varda enfin palmée ! Les European Films Awards lui ont offert, en décembre 2015 un prix1
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Un portrait-en-cinéma où l’on découvre Jane Birkin sous toutes ses formes et aussi d’autres Jane… d’Arc, Calamity Jane et la Jane de Gainsbourg...
Un portrait-en-cinéma où l’on découvre Jane Birkin sous toutes ses formes, dans tous ses états et en plusieurs saisons, elle-même en sa diversité et aussi d’autres Jane… d’Arc, Calamity Jane, et la Jane de Tarzan et la Jane de Gainsbourg. C’est la femme-au-miroir-mouvant.
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« Est-ce que tu es prête à vider ton sac», demande Agnès , Varda à Jane Birkin. « Ah oui, sans problème, ou i!» Et comme dans l'univers de V
« Est-ce que tu es prête à vider ton sac», demande Agnès , Varda à Jane Birkin. « Ah oui, sans problème, ou i!» Et comme dans l'univers de Varda — le plus honnête, le plus terrible qui soit— on fait toujours ce que l'on dit, Jane éparpille aussitôt sur le sol les objets qu'elle trimballe avec elle. «Alors, demande-t-elle, tu as appris quelque chose sur moi, maintenant que tu as vu mon sac ? » Et de conclure : « Même si on déballe tout, on ne dévoile pas grand-chose. »Cette réplique, en fait, résume toute la démarche si originale d'Agnès Varda. C'est quoi, généralement, un portrait de star ? Une interview languissante, des extraits de films paresseux, un commentaire gnagnasson ou prétentieux. Du déballage...Ce que Varda a tenté et (presque) entièrement réussi, c'est du « dévoilage ». Comment deviner un être que l'on aime et que l'on admire ? En l'écoutant, certes, mais, mieux encore, en le rêvant. L'imaginaire, étroitement associé au réel, c'est la méthode Varda. C'est toujours le même « documenteur » qu'elle poursuit, seule approche possible et rigolote de la vérité.Donc, durant quatre-vingt-quinze minutes, Agnès V. « cristallise » sur Jane B.
Elle la voit en héroïne de film noir, en muse romantique, en Vénus du Titien, en Ariane, ce qui nous vaut l'admirable séquence où Jane, dans un labyrinthe de fête foraine, dévide imperturbablement son fil, poursuivie par le Minotaure qui n'est autre que la caméra.Elle la voit en Stan Laurel, aussi et, pour le coup, c'est une semi-réussite : car Jane, impressionnée par sa partenaire Laura Betti, n'est que l'ombre d'elle-même. « J'étais maladroite et cette maladresse m'a donné une telle détresse qu'à la fin j'ai compris celle de Laurel. » Les derniers plans de cette séquence inégale sont, en effet, très beaux.Jane B. par Agnès V. est un film sur les tensions et l'attention. Une lutte passionnée, donc passionnante, entre un hérisson fragile (c'est Agnès V.) et une biche en acier (c'est Jane B.). Cette lutte amicale dans un but commun — le film ! — ne va pas sans faiblesses, sans longueurs, dues sans doute à des concessions mutuelles. Mais qu'importe ! Ces imperfections ressemblent aux rides qui trahissent, non les défauts, mais la vie d'un visage. A cet égard, Kung Fu Master est— pour moi — un film nettement moins ridé, mais plus « lifté ».Le plus souvent, Agnès V. et Jane B. sont émouvantes et drôles, alternativement. B, lorsque l'harmonie les réunit, le film devient superbe : un mouvement de caméra savant d'Agnès V. dévoile les coulisses de son tournage, tandis que Jane B. chuchote des mots d'amour pour les techniciens qui savent l'aider si bien.Et puis, face à un miroir qui la multiplie, dans un silence troublé parle cliquetis d'un métronome, Jane, ondulant légèrement, murmure des paroles d'une chanson : « My Heart belongs to Daddy. » Hommage à Marilyn Monroe dont elfe avait appris la mort, sur une plage, dans un journal qui, poussé par le vent, avait glissé jusqu'à elle."
Agnès Varda, quand elle fit Ulysse, créa le voyage à l'intérieur d'un cliché retrouvé où le détail conduisait à un autre détail comme auta
Agnès Varda, quand elle fit Ulysse, créa le voyage à l'intérieur d'un cliché retrouvé où le détail conduisait à un autre détail comme autant de moments essentiels. Elle avait développé ainsi la nature mythologique d'une simple photo en noir et blanc, prise par elle-même (...) Plus de vingt ans plus tard, le film allait à la rencontre de la photo qui, bien qu'appartenant au passé, retenait à jamais un fragment d'éternité (...)
C'est avec cette même science occulte de la perspective qu'Agnès Varda approche Jane B. comme la Birkin de Gainsbourg qui dit " Je t'aime, moi non plus " (...) Il ne s'agit ni d'un documentaire, à peine d'un portrait, au sens classique du terme.
Jane Birkin la plus mouvante, sinon la plus émouvante des comédiennes actuelles, est placée dans l'objectif de Varda comme Ulysse, au centre du voyage. Elle est le modèle que l'artiste, cette fois, veut rejoindre dans la matière même de son tableau. Varda entre donc dans son image pour le plaisir de jouer avec Birkin. Ce faux portrait devient alors un instantané de l'univers secret du spectacle au moment où il se prépare, se joue, s'arrête, s'efface. Il y a une complicité entre le modèle et l'artiste (...)
Ce portrait à double face est drôle, sympathique, généreux. Toutefois, on peut s'étonner qu'un film entier soit consacré à une comédienne qui, pour être aimée, n'est pas aussi mythique que Garbo ou Dietrich. Mais ce n'était pas le but. Il serait plus juste de noter que Varda a plutôt réalisé une fiction-réalité, ou même qu'elle a simplement voulu prendre la photo d'un paysage privé autour d'une personne particulière que le photographe retient dans un moment de grâce qui devient étemel. "
L’une filme, l’autre pas, peu importe: Jane B. par Agnès V. invente le cinéma à quatre mains entre deux as du badinage artistique (...) po
L’une filme, l’autre pas, peu importe: Jane B. par Agnès V. invente le cinéma à quatre mains entre deux as du badinage artistique (...) pour Jane B. par Agnès V., il faudrait inventer un vocable qui soit exactement aux antipodes du terme " nécrologie ", quelque chose donc comme " vivologie ".
Agnès Varda, fameuse cinéaste, fait son métier de documenteuse sur Jane Birkin, célèbre actrice franco-britannique. Portrait de star, on connaît les risques du genre: soit totalement enamouré (hagiographie), soit complètement clinique (étude d’un cas). Dans les deux options, pôle Nord ou pôle Sud, un résultat généralement glaciaire.
Agnès Varda navigue dans des eaux nettement plus tempérées, inventant un art du ciné-portrait qui esquive à la fois l'hystérie (se prendre pour une autre) et l’ethnographie (" écoute un peu sa différence "). Vraiment une voix médiane qui n’œuvre pas «à propos de Birkin», mais réellement avec elle. Ce qui fait un entretien où Birkin se retrouve à égalité de chance avec Varda, même si, en l’occurrence, l’une filme et l’autre pas (...)
Un vrai pas de deux en stéréophonie, autrement dit, de la sympathie (...)
Au diapason, le film se conduit selon ce va-et-vient d’intimités contrastées: deux personnalités qu’on aurait pas forcément distribué ensemble: Birkin extérieur, Varda intérieur, Jane actrice en vue, Agnès cinéaste en voyance (...)
Mais le plus cinglé de Jane B. par Agnès V., vraiment sa folie furieuse, c’est que ce film n’est que le premier ricochet d’un second dont le projet naît sous nos yeux en direct-en différé: Birkin confie qu’elle a un jour rêvé que, femme de 40 ans, elle tombait amoureuse d’un jeune garçon ami desafille Charlotte. A peu près synchrone avec le coup d’oeil soudain suraigu de Varda, on se dit que ça ferait un scénario idéal pour un remake de Lolita au masculin, on imagine qu’on n’aimerait bien le voir. Et, justement, ça fait un scénario, et ça donne un film, et ça s’appelle Kung Fu Master. "
" L'une ne s’est jamais tout à fait consolée de n'avoir pas « de gros nichons » qui « feraient floc floc de façon autonome », elle a le ch
L’autre aime la peinture et le rêve, bien plus que la psychologie, elle fourmille d’idées et déborde d'humour, elle s’est passionnée pour son sujet vivant et son sujet filmique, pour l’amie qui se racontait et pour les jeux de miroir où elle tentait de la cerner, sans jamais l’emprisonner. Au fil des quatorze mois de tournage, sans autre ligne directrice que leurs idées à l’une et à l'autre, elles ont construit un puzzle intimiste, esthétique, surréaliste, drôlatique et de ce puzzle est né, sans qu'on l’attende, un autre film (...) ( Kung Fu Master ).
L'une parle, joue, rit, l'autre interroge, écoute, filme, travestit, met en scène, imagine, et toutes les deux, visiblement complices, signent ici un très insolite et très attachant portrait-collage qui, dans la production française généralement si conformiste, est, en tout état de cause, un petit bijou de liberté et d’intelligence.
Jane B. et Agnès V. plairont-elles à Marguerite D. ? Birkin, en tous cas, puisque c’est elle, filmée par Varda sans autre loi que celle de la curiosité, de la tendresse et de la beauté, plaira sûrement à un large public : elle est irrésistible de franchise, d’esprit, de sincérité. "
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