" Trois regards, trois visages, trois films pour une évocation chaleureuse et tendre, pudique et émouvante, brillante et grave aussi. Trois miroirs où se reflètent, en noir et blanc et en couleurs, en vrai et en "faux", l'histoire, la passion et la vocation du réalisateur des Demoiselles de Rochefort et d'Une chambre en ville. Dans Jacquot de Nantes, Agnès Varda qui fut sa femme raconte Jacques Demy.
Evitant toute hagiographie, tout hommage compassé, toute biographie lénifiante, Agnès Varda fait du cinéma. La caméra branchée à la fois sur les souvenirs que Demy lui-même avaient écrits et sur les pulsations de son coeur. Au final, Jacquot de Nantes, un film-patchwork où trois tissus de couleurs, d'époque et de texture différentes, s'assemblent et se mélangent pour raconter au plus près, au plus vrai, l'enfance et l'inspiration - et aussi la maladie - d'un cinéaste.
Un " film " raconte donc l'enfance de Demy, ses jeux, ses quatre cents coups, ses amours et la naissance de sa passion monomaniaque pour le cinéma. Un autre met en parallèle, grâce à des extraits de ses films, le jeu de miroirs de la vie et du cinéma, les ricochets entre les événements de l'enfance et leur traduction, des années plus tard, sur grand écran, en couleurs et en chanté. Le troisième volet, plus intime, presque impudique mais d'autant plus troublant, celui que nous fait découvrir un objectif macro qui glisse sur le visage, les yeux et les mains du metteur en scène fatigué et malade...
Jacquot de Nantes est une splendide et émouvante lettre d'adieu, où une image en appelle, en crée, une autre ; un film où la réalité se fait fiction et la fiction devient réalité pour nous donner des bouffées d'amour, des bouffées de cinéma. Et de nostalgie."
Michel Rebichon
Tout simplement merci