"Plus le film avance, plus il se dépouille de ses clichés pour dévoiler sa nature, exposant les symptômes d’une belle œuvre dépressive. A ce point-là, c’est rare. (...)
Pour son premier long métrage, Armando Bo (...) montre qu’il est fidèle à son sujet. Ce qui l’intéresse ne se trouve pas au-dessus de ses personnages, à un niveau métaphorique où le couple en vogue sosie-zombie se partage le rôle de l’Autre nous tendant la psyché. Cela ne se trouve pas non plus à leur niveau, dans le réalisme social d’un homme qui fout sa vie et sa famille en l’air à cause d’une ressemblance avec Presley. Ce qui attire Bo, c’est ce qu’il y a en dessous, à l’intérieur : la progression de la maladie et l’état du malade.
Comme dans Biutiful, l’édifice repose sur les épaules de l’acteur principal, ici John McInerny, sosie d’Elvis dans le civil, autant dire un inconnu, mais en tout cas parfait. Lourd, lent, à la respiration profonde et au regard pesant, son corps ne s’anime que quand il chante, les yeux fermés. Il ne fait rien, il est là, il incarne. Un lion imposant régnant sur un minuscule territoire."
Guillaume Tion