Tetsuya Mariko : deux films qui frappent fort
Si le cinéma japonais brille aujourd’hui par le cinéma de Kore-Eda et Hamaguchi, et leurs chro1
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René Dimanche, célèbre peintre parisien, a arrêté sa production pendant 8 ans. Un jeune critique d'art se met en quête d'explications.
Christian, un jeune critique d'art, cherche à comprendre les 8 ans d'absence de René Dimanche, un célèbre peintre parisien. Percer ce mystère serait son passeport pour écrire dans une revue de renom. Aussi, il demande l'aide d'Ingrid, une amie qui travaille dans une galerie d'art. Cette dernière va suivre l'artiste, jusqu'à devenir sa compagne.
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" Biette sonde les micro-milieux de l'art. Que des monstres ! Telle la craie sur le tableau, cette comédie légère (tournée à Paris, en plei
" Biette sonde les micro-milieux de l'art. Que des monstres ! Telle la craie sur le tableau, cette comédie légère (tournée à Paris, en plein air) grince. Elle ne ressemble à rien de connu. Elle exige un spectateur qui ne ressemble à rien de connu. Soyons-le.
Le moins qu’on puisse dire du dernier film de Jean-Claude Biette, c’est qu’il pousse jusqu’à un degré rarement vu l'esprit de mystification. De là à ce que le spectateur de plus en plus habitué à ce qu’on lui livre un film "clés en main" se montre déconcerté, récalcitrant, de là à ce qu’une partie de la critique - qui n’est jamais que cette frange du public supposée savoir y perdre son latin, et du coup, se protégeant de son mieux crie à l'escroquerie, il n’y a qu’un pas, qu’il s’agirait de ne pas franchir (...)
C’est de peinture qu’il est question dans Loin de Manhattan, mais on me dit qu’on pourrait fort bien y voir une satire d'un certain milieu para-cinématographique, auquel renverraient certaines allusions, qui m'ont, je l’avoue échappé. La drôlerie des rivalités et des brouilles, du ballet dont le jardin est le théâtre (en particulier dans la party finale) est digne de la merveilleuse nouvelle de Henry James. L'image dans le tapis, à laquelle on songe souvent, d’autant que la façon dont Biette introduit à demi-mot ce qu’il veut bien nous révéler sur ses personnages me parait le meilleur équivalent qu’on ait donné au cinéma de la technique subtile du grand romancier américain. Et puisqu’on en est aux références, il me faut, bien sûr, signaler la fraternité presque gémellaire entre les petites musiques de Jean-Claude Biette et d’Adolfo Arietta.
Comédie d’une élégante simplicité sur un petit monde qui s'agite, avec un goût très vif de sa propre mise en scène, et une volupté grisée de son discours, autour de l’art (l’œuvre reste significativement absente, l’artiste même invisible dans la très belle scène de l’interview, comme pour mieux signaler cette position périphérique) et en même temps réflexion plus grave qu’il n’y paraît sur les rapports entre l’art, l'argent, la mondanité, la célébrité, Loin de Manhattan devient brusquement, avec la rencontre entre Ingrid et René Dimanche une paradoxale histoire d’amour.
La personnalité, l’histoire, l’âge même des interprètes lui donnent sans doute une tonalité à part, et nous sommes loin du couple de jeunes premiers que supposerait le type de cinéma B auquel renvoie aussi le cinéma de Biette. C’est dans la position constamment assumée d’actrice de Sonia Savange, dans l'extrême réticence du jeu d’Howard Vemon que leurs rapports trouvent leur étrange vérité. Partie à la recherche du secret de René Dimanche c’est le sien qu’Ingrid révélera en partie. Il existe peut-être de meilleurs comédiennes que Sonia Saviange, je ne vois pas qui aurait pu prêter plus de crédibilité à la scène où elle se jette à la tête du peintre, puis, repoussée, s'évanouit. Là encore Biette sait nous déconcerter et l’aspect toujours monstrueux des personnages n’a d’égal que le parfait naturel avec lequel sont présentées leurs actions ou leurs conversations les plus étranges. Entre le trompe l'œil et la vérité documentaire, Loin de Manhattan a le charme légèrement pervers d’une pochette surprise."
" Jean-Claude Biette a du cinéma une conception totalement originale, tant sur le plan du découpage que du choix de ses sujets. Son pre
" Jean-Claude Biette a du cinéma une conception totalement originale, tant sur le plan du découpage que du choix de ses sujets. Son premier film, Le Théâtre des matières, décrivait d’une caméra ingénieuse les vicissitudes de quelques acteurs en mal d’avenir. (...)
Biette fixe son objectif sur des comédiens volubiles, dont il semble tenter de découvrir, derrière les mimiques, derrière les mots, la vraie nature. Pour réussir totalement une œuvre aussi insolite, il aurait fallu des interprètes au jeu aussi lourd et énigmatiaue que ceux de Théorème, de Pasolini. C’est certainement pour rendre hommage à ce dernier qu’il a choisi sa comédienne fétiche, la troublante Laura Betti, pour interpréter l’impériale directrice d’une galerie d’art. (...)
Les autres vedettes de ce film, d’un grand cinéaste encore trop timide, sont les toits et les jardins de Paris, les rues du vieux Deauville, filmés avec la passion d’un amateur inconditionnel du cinéma français d’antan."
" A force de tresser des couronnes aux films dits de « qualité » du cinéma français, on finirait par oublier l’existence du cinéma d’auteu
" A force de tresser des couronnes aux films dits de « qualité » du cinéma français, on finirait par oublier l’existence du cinéma d’auteur, celui qui ne bénéficie pas de gros moyens matériels, d’un support publicitaire, d'une grande diffusion. Or il y a encore de jeunes auteurs-réalisateurs à la recherche d'un langage nouveau, des passionnés, des obstinés, tels Jean-Pierre Sentier (le Jardinier), Robert Pansard-Besson (le Rose et le Blanc) ou Jean-Claude Biette.
Loin de Manhattan est le deuxième long métrage de Biette. Comme pour le premier, le Théâtre des matières, la mise en scène, la recherche esthétique, sont conçues en fonction de la modicité du budget. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un «film pauvre». Les images, par exemple, sont belles et soignées. Mais le découpage, les cadrages, les mouvements d’appareil, ne visent qu’à l’essentiel. Quand on ne peut pas s’offrir le luxe de recommencer dix fois une prise, il faut renoncer à la perfection technique, pour saisir ce qu’on filme avec le plus de rigueur possible.
Cette rigueur existe chez Biette, et elle est génératrice d'insolite. Biette ne raconte pas une histoire, mais capte les apparences et les discours de ses personnages pour faire tomber les masques sociaux qu'ils portent. Pas d’histoire donc, mais une question : pourquoi le peintre français René Dimanche, célèbre aux Etats-Unis, est-il resté huit ans sans peindre ni dessiner ?
Loin de Manhattan est la comédie du petit monde parisien des critiques d'art et de ceux qui croient savoir ce qu’est la création (ici, picturale), alors même qu’ils n’y comprennent rien. L’humour cocasse des dialogues (entre Prévert et les frères Marx) fait apparaître les attitudes fausses, les fantasmes, le snobisme d’êtres tournant autour d'un mystère. Ainsi se dévoile leur véritable nature.
Journaliste arriviste, Jean-Christophe Bouvet est le médium un peu inquiétant d'un jeu de la vérité (mais non du réalisme), où les comportements affectés perdent leur pouvoir d’illusion. En se grisant de paroles, les interprètes sont "fixés" par un croquis démystificateur, ou se transforment à vue, telle Sonia Saviange glissant vers le pathétique hallucinatoire.
Seule résiste la directrice d’une galerie d’art, celle qui sait tout, au fond. C'est Laura Betti, étourdissante de fantaisie en impératrice des vanités mondaines. Elle jongle avec les mots, se déplace comme un insaisissable papillon, vêtue d'une extravagante robe flottante. Dans le plus beau plan de cette œuvre étrange et poétique, la caméra court après Laura Betti sans pouvoir la rattraper. Mais des portes se sont ouvertes sur les univers intérieurs."
" Loin de Manhattan est un film tout en extérieur. Choisissez pour ce mot le sens qu'il vous plaira. Le titre par exemple est extérieur au
" Loin de Manhattan est un film tout en extérieur. Choisissez pour ce mot le sens qu'il vous plaira. Le titre par exemple est extérieur au film qui se passe entre Paris et Le Touquet, vieilles cités imbibées d'art et de littérature avec quelque part un accent américain dont le porteur pompe l’Europe à des fins d'abord commerciales. Choisissez la parabole qu'il vous plaira.
Toutes les scènes d'intérieur sont tournées en extérieur : terrasses, auvent, véranda... Laissons de côté les causes (économiques), le genre (Nouvelle Vague), lorgnons les effets. L'un des premiers est de renvoyer l'intérieur - d'une âme ou d'un lieu - à ses (chères) études : la culture en champ clos du secret. Le temps de silence (huit ans) dans la vie du célèbre peintre René Dimanche qui sert de point d'appui à l'intrigue a son pendant dans l'espace du film : la toile cachée de ce peintre du nommé Dimanche dont parlent tous les protagonistes du film et que le spectateur ne verra jamais.
L'apparition même du peintre étant elle-même différée dans une exquise interview où il apparaît in extremis... pour foutre le journaliste à la porte. Ironie des miroirs. On entre au domicile des principaux personnages tout en restant à la porte. C'est ainsi que Biette filme cette petite société d'artistes et de critiques d'art. De l'intérieur. Par et pour l'extérieur. Le spectateur ne saurait être séduit. Son choix est extrême : englué dans la vaine recherche d'un sens (le jeu du vouloir dire dont ce film est la force) alors que Biette filme à fleur de peau. Fasciné par la platitude de ce monde et l'être-météore qui le traverse : Sonia Saviange, comédienne-personnage.
Car bien sûr ce film voué à l'extérieur est tout entier né dans le cocon du cinéma. Et plus que le (petit) jeu des règlements de comptes du sous-texte (pour exemple, cette saillie adressée à Godard : «Je ne sais plus si c'est Delacroix ou Corot mais peindre un paysage de dos c'est une idée du XIXème siècle ») nous intéresse une histoire qui panoramique sur les toits de Paris entre Pasolini (Laura Betti) et Vecchiali (Jean-Christophe Bouvet, Sonia Saviange). Là, entre l'extérieur pervers et l’intérieur rusé, au lieu-dit du sous-main, Biette jouant franc jeu trouve une juste place."
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