" Voici un film qui a du charme, comme certains vins ont du bouquet. Charme d'un temps qui ressemble à celui des vacances, charme de l'été dans les paysages de Dordogne, où les châteaux surgissent de la verdure pour inviter à la douceur de vivre, charme de la jeunesse, persuadée que l'avenir peut lui appartenir, charme de la vocation de comédien née dans l'idéalisme d'un groupe, charme des amours adolescentes et du premier chagrin qui ne durera pas une éternité, charme d'un visage de femme plus mûre, plus grave, plus mystérieuse et plus désirable pour un grand garçon découvrant son « métier d'homme» que les jeunes filles en fleur attendant d'être butinées (…) Cette façon d'être auteur de films devient dans Promenades d'été le plaisir du temps perdu, réinventé à la fois dans le passé et dans le présent.(…)
Comme il vous plaira… Cette pièce est, pour René Féret, un souvenir personnel, mais aussi une façon de distancier les conflits amoureux qui poussent comme herbe folle. Là où on attendrait Musset, c'est Shakespeare qui mobilise toute l'énergie. Le théâtre et la vie ne se confondent donc pas, et le phalanstère installé dans un urinoir vétuste où l'on répète et l'on prépare les représentations est le lieu d'une rencontre entre Thomas et Caroline, la femme de Stéphane le décorateur. Elle a trente ans et cherche à se venger d'être délaissée. Mais elle n'appartient pas vraiment à l'univers du théâtre et, dans le quotidien, elle ne joue pas faux comme ces gamins et ces gamines qui pensent toujours à monter sur les planches.
Caroline et Stéphane, ce sont Valérie Stroh et Jean-Yves Berteloot, le couple de Baptême reformé et, forcément, reconsidéré. Un couple d'adultes modernes (avec, chez elle, un désir de maternité qui dirige un très curieux désir de transgression) dans une communauté où l'adolescence semble intemporelle, puisque la fiction se passe aujourd'hui, mais dans une période entre parenthèses.
René Féret a filmé simplement et joliment (le charme de ce film passé également par le travail du chef opérateur Pierre Lhomme) des situations et des sentiments plus complexes qu'il n'y paraît. Derrière le plaisir et la séduction apportés par la réalisation et les interprètes, on sent tout de même, à la fin, une nostalgie, une brisure. Ainsi que dans la vie réelle, le jeu social reprend ses droits."
Jacques Siclier