Cyprien Vial : "Un film de super-héros sans super pouvoirs"
VIDEO | 2015, 15' | En suivant un mineur étranger sans papiers, Cyprien Vial confronte l'idéal républicain à ses...
De l'arrivée au dépôt jusqu'à l'entretien avec l'avocat, Depardon filme l'itinéraire de personnes arrêtées en flagrant délit par la police. Exceptionnel.
Raymond Depardon a eu l'autorisation exceptionnelle de filmer l'itinéraire procédural des personnes arrêtées en flagrant délit par la police de leur arrivée au dépôt jusqu'à l'entretien avec l'avocat. 86 personnes ont été filmées avec le même dispositif de tournage, discret et identique, quatorze d'entre elles seront les héros involontaires du film. Leurs échanges avec les substituts nous offrent en creux un miroir unique de la société française. Et un témoignage rare sur la justice.
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"Le Palais de justice se dresse au loin, le plan fixe s’étire pendant plusieurs minutes, puis on pénètre dans ses entrailles, on marche vite
"Le Palais de justice se dresse au loin, le plan fixe s’étire pendant plusieurs minutes, puis on pénètre dans ses entrailles, on marche vite derrière prévenus et gardiens, on se perd, cela dure et, au bout du labyrinthe, la petite pièce où la caméra de Raymond Depardon s’est posée, à distance, face aux protagonistes. Elle a la permission exceptionnelle d’enregistrer, mais sans bouger. Dans le cadre inchangé se succèdent alors celles et ceux pris en flag’ de vol, d’escroquerie, de violence conjugale et autres délits divers. Ils arrivent tout droit du poste de police pour comparaître devant un substitut du procureur chargé de les auditionner, avant d’être présentés à un avocat commis d’office pour une comparution immédiate, ou relâchés en vue d’une audience ultérieure.
(...)
La caméra est là pour capter l’action, et l’action est située tout entière dans cette confrontation verbale, les mots étant désormais leur seule défense possible. Le temps imparti est très bref et les dialogues s’enchaînent sans répit. Une fois entendu, le déféré se lève, le visage disparaît du cadre permis, les mains se tendent pour être ferrées, puis la porte se referme. Le corps est aussitôt remplacé par le suivant, d’un autre âge ou sexe, d’une autre nationalité ou classe sociale. De la femme mûre qui vole dans les grands magasins à celle qui démarre les voitures en raccordant les fils électriques, du mari accusé d’avoir frappé sa femme au petit ado bourgeois qui s’est fait une frayeur en taguant un wagon de la RATP, les réponses et les questions se percutent, elles tentent de se saisir par-delà le fossé du langage qui les sépare, par-delà le mensonge comme seul moyen de sauver sa peau, créant inévitablement des effets plus ou moins tragi-comiques. Mais le sourire devant certaines explications d’une mauvaise foi évidente s’évanouit vite face à leur quotidien dispensé en filigrane : moyens de subsister inexistants, alcoolisme, drogue, prostitution, séropositivité… La menace du suicide se formule soudain dans la bouche d’une prévenue, et le charter se profile nettement pour l’émigré interdit de territoire à plusieurs reprises… Par son "obsession de la durée réelle" et la distance qu’impose le plan-séquence, Raymond Depardon laisse au spectateur un espace de réflexion plutôt rare dans le monde de l’image."
"Quelques minutes. Une quinzaine. Jamais plus. Souvent moins. Avec sa caméra, discrète au point d'en devenir invisible, avec sa pudeur et s
"Quelques minutes. Une quinzaine. Jamais plus. Souvent moins. Avec sa caméra, discrète au point d'en devenir invisible, avec sa pudeur et sa tendresse, qui lui font, à chaque instant, éviter la complaisance, Raymond Depardon filme le face-à-face entre un prévenu surpris en « délit flagrant » et un substitut du procureur. (...)
Coincés par deux mécaniques dont ils sont les jouets : la délinquance à répétition pour l'un, l'application stricte de la loi pour l'autre. Une telle angoisse se dégage de ces vérités bidons, de ces mensonges maladroits et obstinés, que le rire naît, par moments. (..)
C'est un film superbe et généreux. Plus Depardon épure, plus sa vision s'élargit. Dans le bureau étroit des sustituts, c'est toute notre société qui surgit. L'avant-2000. Une cour des Miracles peuplée de solitaires et de clandestins. Comme tous les grands films, Délits flagrants traite du sort de l'homme. Et du sentiment qu'il devrait inspirer à son semblable : la compassion - Pierre Murat (1) Raymond Depardon a filmé, avec leur accord, 86 personnes. Il en a retenu 14, jugées, et qui n'ont pas fait appel. Les noms que l'on entend dans le film ont, bien sûr, été modifiés."
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