Thanos Anastopoulos : "Quand on est nu sur une plage..."
VIDEO | 2016, 13' | ... les différences n’existent plus. Dans leur documentaire L'Ultima Spiaggia, présenté1
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Un voyage surprenant au cœur de la folie. Dans un hôpital psychiatrique près de Venise, les malades mènent une vie libre mais l'hôpital est menacé de fermeture.
San Clemente, un hôpital psychiatrique situé dans une île au large de Venise. Les malades y mènent une vie libre. Ils participent même au carnaval. Raymond Depardon effectue plusieurs reportages photos. En 1980, il y retourne avec Sophie Ristelhueber et du matériel de tournage. L'hôpital est menacé de fermeture... Ce film est une immersion inoubliable dans l'univers psychiatrique.
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" Il existe des jeux plus cruels que ceux de l’amour et de la peste à l'ombre des palais vénitiens. San Clémente, c’est l’envers du décors,
" Il existe des jeux plus cruels que ceux de l’amour et de la peste à l'ombre des palais vénitiens. San Clémente, c’est l’envers du décors, une Babel insulaire de l’irrationnel, ou sont enfermés au nom de la psychiatrie et du consensus social, ce qu’il est convenu d’appeler les fous. Le travail de Depardon, commencé en 1977 par un reportage photo, témoigne, même si ce n’est pas l’objet essentiel du film, de la dépsychiatrisation de l’hôpital et de sa lente ouverture vers le monde. La richesse du document est pourtant moins dans ce constat, en dépit de sa valeur historique, que dans l'appropriation du film par les malades. Paparazzi voyeur, l’œil qui regarde (la caméra) devient peu à peu l'instrument privilégié, pour le fou, de fabriquer sa propre mise en scène. Le malade habite l’image comme un espace possible pour la comédie. Un document rare et courageux."
André Pierre, 13/05/1982" On l'appelle plus souvent "l'isola dei Matti ". Vous passez devant sans le savoir quand vous vous promenez en barque sur la lagune entre V
" On l'appelle plus souvent "l'isola dei Matti ". Vous passez devant sans le savoir quand vous vous promenez en barque sur la lagune entre Venise et le Lido. C'est l'île des fous où personne ne s'arrête sauf la famille des résidents. Un endroit qui fait rêver de loin, que le touriste prend en photo. Ce n'est pas le fief de fous dangereux, seulement un hospice de gens qui ont perdu la boule. Depardon s'est glissé sur l'Ile avec sa caméra, suivi d'une assistante chargée du Nagra pour le son. Il s'est familiarisé avec un monde où les besoins et les accidents de la communicabilité évoquent à chacun des résonances profondes, même quand on n'habite pas San Clemente. Pendant que l'Italie entière protestait contre le régime d'incarcération dans les hôpitaux psychiatriques, Depardon tournait ce témoignage sans manichéisme, portant sur la folie un regard droit et intelligent La vie quotidienne chez les cinglés, peu à peu apprivoisés par la caméra, nous rappelle un peu la nôtre pour peu qu'on ait un brin de folie. Nous sortons convaincus que ces Italiens même fous sont toujours plus drôles et sympathiques que nous. Ne pas rater cette remarquable promenade dans notre inconscient."
Anne de Gasperi, 05/05/1982"... perce (...) l'angoisse même des deux cinéastes (...) face à la réalité observée : a-t-on le droit d'aller si loin, de plonger l'œillet
"... perce (...) l'angoisse même des deux cinéastes (...) face à la réalité observée : a-t-on le droit d'aller si loin, de plonger l'œilleton de la caméra et le museau du microphone dans des destinées à jamais gâchées ? Le style de tournage très franc et très détaché des auteurs a l'infini mérite de remettre les choses bien à leur place. On ne filme jamais gratuitement ce genre de vie et de personnages.
Elle-même photographe de métier, Sophie Ristelhueber rappelle volontiers qu'avant le film il y eut une série de reportages photographiques de Raymond Depardon : quelque chose manquait, il fallait le cinéma, tel personnage seulement entrevu, esquissé, bidimensionnel devant l'appareil photo, prenait consistance devant la caméra-cinéma accompagnée du magnétophone. Le récit s'ouvre magistralement sur un long discoureur en manteau clair, échappé de quelque théâtre de la cruauté, qui ne dit pas tellement des méchancetés ou quoi que ce soit de dérangeant, mais qui dérange pourtant par sa seule élocution, son débit, sa manière d'être, de respirer, cette présence au réel totalement autre.
Le reste du film, en un sens, est l'extension de ce moment très fort : une invite au spectateur à ne pas juger, ni davantage à s'apitoyer, mais à réfléchir, à essayer de comprendre par lui-même. Deux autres personnages capturent avec sobriété et conviction ce même ton de fausse évidence : un homme jeune, obsédé par la mémoire du père, ne cesse de tenir des discours incompréhensibles à sa mamma qui n'en peut mais, qui veut tout ramener à la logique rassurante du quotidien bourgeois.
San Clemente, rappelons-le, a été filmé à Venise, dans une île sise entre S. Maria di gratia et S. Spirito, à cinq minutes de vaporetto de la place San Marco. Le monde vénitien nous arrive comme par bouffées. Raymond Depardon a ici tourné un chapitre de sa jeune carrière de cinéaste aventurier, abandonné le simple reportage pour commencer à poser les questions essentielles : de son rapport au monde et aux êtres à travers l'objectif, et finalement des êtres au monde. Rejetant tout didactisme, tout esprit évangélique, même laïque, Raymond Depardon nous dérange et nous secoue. Il faut l'en remercier. "
" San Clemente , « l'isola dei matti », est un de ces îlots de la lagune dont l'œil du touriste suit avec indifférence les lignes rigoureus
" San Clemente , « l'isola dei matti », est un de ces îlots de la lagune dont l'œil du touriste suit avec indifférence les lignes rigoureusement horizontales lorsqu'il se rend de Venise au Lido. De rares arbres rompent la monotonie de ses murs derrière lesquels on imagine volontiers une population pieuse, vouée à la paix du cloître. Or, jusqu'à une date récente, San Clemente abritait un hôpital psychiatrique hermétiquement clos qu'une loi promulguée l'an dernier a ouvert, libérant les malades mentaux de leur univers concentrationnaire pour leur permettre, non pas une utopique réintégration absolue à la vie sociale, mais un changement de rythme de vie, un retour à des contacts humains qui échappent à la codification imposée par le régime hospitalier.
C'est avant cette ouverture au monde de la normalité que Raymond Depardon a passé les murs de San Clemente, s'installant sur « l'île des fous » durant quelques semaines hivernales en compagnies d'une équipe de techniciens réduite à l'essentiel. Une terminologie commode nous fait annoncer que son film est un « documentaire », mais Depardon appartient à cette école de jeunes cinéastes qui se refuse précisément à adopter les structures traditionnelles du cinéma didactique.
San Clemente ne comporte ni commentaire ni interviews. Depardon filme ce qu'il voit, enregistre ce qu'il entend au fil des jours, sans poser de questions, sans analyser, sans jamais tenter d'expliquer. A nous de nous poser des questions et de tirer les leçons de ce qu'on nous montre. La tâche n'est pas surhumaine et nous nous apercevons vite que tout commentaire serait superflu : il n'est pas difficile de comprendre que la condition de l'enfermement ne peut donner à personne la moindre chance de rétablir un équilibre mental défaillant, que le pathologique collectif imposé par le milieu hospitalier ne peut être considéré comme l’instrument de guérison du pathologique individuel.
Les images de San Ciemente constituent, et comment pourrait-il en être autrement ?, un spectacle et nous éprouvons parfois une certaine gêne à nous sentir les voyeurs d'une intimité qu'il faudrait préserver d'autant mieux du regard d'autrui qu'elle ne correspond pas aux modes de comportement que nous admettons. Faut-il blâmer le cinéaste de nous faire partager sa curiosité ? Certains malades refusent véhémentement la caméra, si d'autres souhaitent sa présence, vont au devant d’elle et n'hésitent pas, cela arrive, à mettre en scène une sorte de « show » à notre intention.
On la blâmerait peut-être, cette curiosité de l'homme de caméra si elle trahissait l'intention de se servir de la matière du reportage, de la façonner jusqu'à ce qu’elle deviennent un produit semblable à ceux que nous a donnés le théâtre de l'absurde et de la cruauté. Mais pour être cruelle, la démarche de Depardon est autrement modeste. Ce n'est jamais qu'un miroir que nous tendent ses malheureux aliénés où nous reconnaissons, grossis, exagérés, certains des traits qui sont les nôtres. Depardon vit une journée de San Clemente, assiste à ses événements routiniers ou déconcertants comme s'il vivait la journée d'une communauté très ordinaire dont il espérait découvrir l'organisation sans rien demander à personne.
Ainsi, ce qui paraît ténébreux de prime abord s'éclaircit parfois et il arrive que le mystère demeure mystère. Les clefs de la psychiatrie nous sont refusées, c'est à l'aide de notre expérience intime que nous nous débrouillons, soit qu'elle nous fasse entrer en sympathie, soit qu'elle nous laisse au large de « l'île des fous », étrangers ahuris ou touristes indifférents qui ne voient rien que l'eau qui passe. "
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