
Ermanno Olmi : "Le pardon est plus grand que la loi."
La guerre, les bordels, le cynisme, la magie des fables... et Saddam Hussein : le cinéaste, interrogé par Andrée T1
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Emportés par le récit d'un vieux capitaine, les spectateurs d'un cabaret chinois se retrouvent dans la Chine du XIX°siècle sur les traces de la veuve Ching.
Sur la scène d'un cabaret chinois, un spectacle chanté et dansé, raconté par un vieux capitaine, illustre l'histoire de la célèbre veuve Ching. La puissance de l'évocation est si intense que les spectateurs sont transportés dans la réalité de la Chine du XIXe siècle. À l'assassinat de son époux, la veuve Ching prend le commandement de ses troupes pour laver son honneur et le venger. Elle écume les mers et n'hésite pas à attaquer les bateaux de l'Empereur qui, pour mettre fin à ses méfaits, lui envoie sa puissante flotte de guerre. Encerclée, la pirate s'apprête à livrer sa dernière bataille...
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"un superbe film d'aventures qui contient, en creux, une méditation recueillie sur la mort et son acceptation, une oeuvre qui allie la plus
"Adapter au cinéma un conte chinois du XIXe siècle, le faire interpréter par des acteurs japonais parlant eux-mêmes italien, y ajouter Bud S
"Adapter au cinéma un conte chinois du XIXe siècle, le faire interpréter par des acteurs japonais parlant eux-mêmes italien, y ajouter Bud Spencer, le compère de Terence Hill dans les Trinita, sur fond de jonques et de batailles navales sur un lac du Monténégro, semble surréaliste. Mais lorsque le metteur en scène s'appelle Ermanno Olmi (...), une magie de génie s'installe. Pour notre plaisir esthétique et - intellectuel."
Michèle Levieux" ... c'est un film enluminé par cette poudre magique que découvrent parfois les vieux cinéastes lestes, chez certains Oliveira comme dans l
" ... c'est un film enluminé par cette poudre magique que découvrent parfois les vieux cinéastes lestes, chez certains Oliveira comme dans les Kurosawa tardifs.
Plastiquement, En chantant derrière les paravents est une splendeur, qui fait tenir dans un kaléidoscope lyrique et sans coutures une histoire unique décrite sur deux niveaux : sur la scène d'un cabaret chinois où l'on nous conte la stupéfiante histoire de la célèbre veuve Ching, mythique flibustière des mers de Chine, et aussi dans cette Chine du XIXe siècle, où le récit, tout à trac, se transporte. Il paraît que cette Chine des pirates a été reconstituée sur un lac du Monténégro : naturellement, on n'y croit que davantage.
Ceux qui gardent un souvenir ébloui des films d'Oliveira aussi étranges et beaux que le Soulier de satin ou Non, ou la Vaine Gloire de commander pourront user de cette familiarité pour n'être pas tout à fait enivrés par l'enchâssement de poésie et de couleurs, de précision historique et d'histoire réinterprétée, de musicalité et de luxuriance, où baigne cette fable intense sur l'amour, le châtiment, le pouvoir et le pardon.
Après le très sec, élégant et bressonien Métier des armes (2001), Olmi surprend dans un tel numéro d'épingle à cheveux : En chantant derrière les paravents donne le sentiment d'une maîtrise joyeuse, amusée et presque alchimiste, où un sage dompteur fait cracher mille enchantements optiques au dragon cinéma.
Sans perdre de vue cette histoire éternelle et renouvelée, d'où émerge l'inoubliable veuve Ching, femme transcendante qui aime son mari, venge sa mort, protège les siens et, peut-être, pardonne. L'actrice japonaise Jun Ichikawa lui prête son visage grave et habité sur le terrain «réel», tandis que le tout à fait inattendu Bud Spencer, narrateur pittoresque en contrepoint régulier, vient sur la scène, face au public, placer ses vues de bonimenteur.
Indécrottablement moraliste, Olmi a incrusté dans le motif de son film le message pacifiste têtu et christique qui lui sert de passeport depuis des lustres, jouant parfois contre lui. Cette fois, il a trouvé le moyen d'y puiser une terrible carburation politique, féministe, mystique et artistique."
" Ermanno Olmi, le poète réaliste de L'Arbre aux sabots, signant un film de pirates ? Oui, mais pas n'importe lequel. Tout est étrangement d
" Ermanno Olmi, le poète réaliste de L'Arbre aux sabots, signant un film de pirates ? Oui, mais pas n'importe lequel.
Tout est étrangement décalé dans l'histoire de la veuve Ching, célèbre héroïne de la Chine du XIXe siècle, devenue corsai- re pour venger la mort de son bel amant assassiné. On est dans un théâtre, « seul lieu capable, dit le narrateur, de saisir le comportement des hommes et la valeur des choses ».
Au parterre, une maison de plaisirs où échoue, par hasard, un jeune et timide étudiant en cosmologie. Sur scène, un galion. Il servira de décor multiple à ce conte éblouissant, qui nous est raconté par un marin à la réjouissante barbe bifide (Bud Spencer, jadis interprète d'une bonne centaine de navets, en compagnie de Terence Hill).
On vogue en plein irréalisme. Les Chinois parlent tous italien. L'empereur s'exprime en paraboles et en métaphores. Du va-et-vient constant entre le carton-pâte et le réalisme (les fleuves chinois sont reconstitués sur un lac du Monténégro) naît une étrange fascination. On songe à Jean Renoir, à son « petit théâtre », où l'artifice créait la vie, où l'illusion devenait source de vérité. Olmi a toujours aimé les marginaux, les exclus. Il peint ses pira- tes avec la même tendresse que le clochard magnifique de La Légende du Saint-Buveur. Ou les premiers chrétiens, marchant sans fin « à la poursuite de l'étoile ». Moment superbe : la voile d'un navire se lève comme un rideau de théâtre. Sur une musique de Stravinsky, des dizaines de cerfs-volants multicolores s'envolent du vaisseau impérial pour se poser sur celui de la femme pirate. Chacun porte les bribes d'un message qui, reconstitué, offre le châtiment ou le pardon...
Le film est un hymne à la sagesse de quelques hommes - en l'occurrence une femme - courageux au point de préférer la reddition à la mort. Utopiste sans illusions, Ermanno Olmi espère, sans y croire, la venue d'un temps où « les hommes vendront leurs épées pour labourer la terre, où les voix des femmes égaieront les jours en chantant derrière les paravents ». "
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