
René Féret : Une forme de désobéissance
VIDEO | 2015, 14' | Auteur d'une oeuvre rare et sensible, René Féret a disparu à l'âge de 69 ans en avril 2015. A1
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Fernand sort de la prison de Fresnes, décidé à mener une vie simple. Mais, trop naïf, le voilà entraîné dans de burlesques aventures tragico-comiques.
Un beau matin, Fernand, jeune homme bourru et généreux, sort de la prison de Fresnes, décidé à mener une vie simple, honnête, optimiste. Mais Mickey, l’escroc, Nina, la prostituée, Raoul, le miteux, Roméo, le truand, entraîneront Fernand le naïf dans une série d’aventures burlesques et tragico-comiques... Ce film a l’ambition d’être une fable, une sorte de jeux de marionnettes, si les marionnettes pouvaient être plus vivantes que les humains. Ces personnages, ils existent, on les connaît, ils sont partout ; ils sont une sorte de miroir grossissant de notre moi profond.
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" ... Après nous avoir, dans son premier film, Histoire de Paul, brutalement plongés au cœur de ce lieu d'épouvante qu'est un hôpital psych
" ... Après nous avoir, dans son premier film, Histoire de Paul, brutalement plongés au cœur de ce lieu d'épouvante qu'est un hôpital psychiatrique, il brossa dans La Communion solennelle le tableau généalogique un peu touffu d'une famille du terroir. C'est curieusement en s'inspirant aujourd'hui d'un des romans les plus fameux de la période pré-hitlérienne, Berlin Alexander platz d'Alfred Döblin, qu'il nous donne pour la première fois une œuvre qu'on ose qualifier de personnelle.
Alors que Döblin, comme à la même époque le cinéaste Fritz Lang, montrait les visages des démons qui allaient bientôt devenir maîtres de l'Allemagne, René Féret utilise ce récit pour dresser le constat de faillite de l'humaine société. D'un monde où le faible d'esprit, le naïf, finit immanquablement par se faire dévorer par plus roué que lui.
Le jeu stylisé, à la iimite du grotesque, le dialogue truffé d'argot poétisé, les éclairages irréels, donnent pourtant à l'atroce destin de ce pauvre bougre de Fernand cette note pimpante el bon enfant qu'on ne trouvait jusqu'à présent que dans les films de Jean-Daniel Pollet.
Lorsqu'il sort du pénitencier, le brave Fernand jure bien qu'on ne l'y reverra plus. Il mènera désormais la plus honnête des vies. Seulement voilà, les temps sont comme toujours difficiles et les amis prêts à donner un coup de pouce se révèlent tous d'affreux jojos. Ainsi ce Mickey, qui lui apparaît comme une sorte d'archange, qui lui procure, comme par magie, boulot, toit et femme, lui jouera les tours les plus pendables. Après avoir perdu un œil, une oreille et surtout sa bien-almée, fille de petite vertu qu'il prenait pour une danseuse, Fernand ne devra qu'à la présence fortuite de ces gardiens de l'ordre dans les pattes desquels il avait si bien juré de ne plus tomber, de ne pas perdre aussi la vie.
Fernand, c'est l'innocence faite homme. Si son incorrigible bonté évoque le héros de L'Idiot de Dostoïevski, il se différencie de ce grandiose personnage en ce qu'il restera, jusqu'à la mort de sa petite compagne, totalement inaccessible à la souffrance. Avec son image de Pierrot lunaire, ses airs émerveillés ou éberlués, Bernard Bloch donne plutôt à Fernand cette douce folie dont seuls sont habités les héros de Raymond Queneau. Comme chez l'auteur de Pierrot mon ami, les moindres personnages sont douteux, ambigus, un peu fêlés, bigrement « parigots ». Au cours d'une très jolie séquence, un professeur, qui répond au nom insolite de Babar, fait faire à un petit rat des exercices de plus en plus douloureux. A nous de deviner s'il s'agit d'un maître affectueux et exigeant ou d'un vulgaire sadique.
René Féret fut longtemps un comédien de théâtre. C'est peut-être ce qui lui permet de diriger de main de maître ses acteurs. On gardera en particulier le souvenir d'Yves Reynaud, qui, dans le rôle de Mickey, incarne un véritable génie du mal à qui Fernand donne sans confession le bon Dieu et son amitié. Jany Gastaldi, comédienne formée à l'école d'Antoine Vitez, rappelle ces ravissantes poupées qui, si on les serre un peu trop fort, se démantibulent et nous laissent en larmes.
" Drôle de bonhomme que ce Fernand. A sa sortie de prison, il marche malgré lui dans la combine d'un oncle douteux, vendeur de shampooing.
" Drôle de bonhomme que ce Fernand. A sa sortie de prison, il marche malgré lui dans la combine d'un oncle douteux, vendeur de shampooing. A Pigalle, il rencontre une petite gouape qui l'entraîne dans un coup miteux et reste sur le carreau, un œil en moins. Tout ce qu'on lui dit, il le croit dur comme fer. Il fait confiance au premier venu. Il est né pour être victime de sa bonne foi, de son insondable naïveté.
Fernand a quelque chose de Candide ou de Zadig, et le film de René Féret ressemble à un conte voltairien. Rien n'y est « vraisemblable », tout y est symbole, et les péripéties s'y enchaînent en un ordre fatal. Si l'action se déroule dans le milieu, s'il est question de hold-up, ne vous attendez pas à un « policier » bien de chez nous.
Les dialogues, ciselés et emphatiques, ainsi que le jeu volontairement excessif des comédiens nous préviennent que nous sommes quelque part entre le cinéma, le théâtre et le conte. Un territoire insolite, singulièrement passionnant pour l'esprit, où René Féret s'aventure avec la complicité des comédiens, aussi étonnants que peu connus. Bernard Bloch, surtout, compose un Fernand hallucinant. L'originalité est une vertu trop rare. Fernand plaira à ceux qui savent la savourer."
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